Pauline - Bilan n°2
- Pauline
- 13 févr. 2018
- 9 min de lecture
J'ai attendu beaucoup trop longtemps avant d'écrire ce deuxième bilan, donc je profite de mon jour de congé pour me lancer. Attention, il est beaucoup plus long que d'habitude !

C'est le moment de vous raconter mes prises en charge. Cela fait déjà 3 semaines que j'ai écris le dernier article (le temps passe tellement vite), et il s'est passé beaucoup de choses !
Ma première prise en charge fût très courte et imprévue. Ma référente m'a demandé de servir le dessert du repas (et bien sûr de gérer le groupe) pendant qu'elle devait faire autre chose. Ça s'est très bien passé, il n'y a eu aucun problème, mais comme je l'ai dis c'était très court. Le lendemain, j'ai pris en charge la collation. Il s'agit simplement de servir la collation aux enfants qui en veulent, d'animer le moment avec des discussions et de permettre aux enfants de se lever chacun leur tour à la fin de la collation. J'ai tout de même rencontrée un petit imprévu. Un des enfants, Youssef, voulait raconter une histoire au groupe. J'ai donc demandé au groupe s'ils voulaient entendre l'histoire, ce qu'ils ont accepté. Le problème c'est que Youssef a beaucoup d'imagination, et son histoire était trèèèèès longue... J'ai fini par lui demander si elle se terminait bientôt, il m'a répondu que oui mais ça devenait beaucoup trop long. J'avais un peu le cul entre deux chaises comme on dit, parce que d'un côté je ne voulais pas stopper Youssef dans son élan et le rendre triste de ne pas avoir terminé, et d'un autre côté je trouvais ça injuste pour les autres enfants qui ne pouvaient pas prendre la parole. Finalement, c'est ma référente qui a demandé à Youssef d'arrêter pour pouvoir laisser la chance aux autres enfants de parler eux aussi. Il a été compréhensif et maintenant je saurai comment m'y prendre !
Depuis ce jour j'ai animé les collations tous les matins, et dans la même semaine j'ai pris en charge le repas. C'est un peu plus compliqué (ce n'est pas sorcier non plus, mais il faut un minimum d'entrainement pour être à l'aise) car il faut préparer les plats, s'occuper de la vaisselle, vérifier que tout le monde ait une posture correcte, demander aux enfants de baisser leur voix quand il y a trop de bruit, etc. En fait, il faut s'ajuster sans arrêt. Et bien sûr il faut servir le repas aux enfants. Pour favoriser la prise de décision et l'autonomie, on demande aux enfants quelle quantité ils souhaitent, et ils répondent selon leur appétit ou leur envie pour le plat. A chaque repas, il y a les portions "riquiqui", "un petit peu", "moyen" et "beaucoup". On demande aux enfants d'assumer leur choix, c'est à dire que s'ils en prennent beaucoup, ils doivent terminer leur repas. Mais un enfant ne sera jamais forcé à manger ! S'il n'a plus faim alors qu'il en a pris beaucoup, on lui rappelle la consigne qui demande d'assumer son choix, tout en disant qu'ils peuvent en redemander, ce qui évite le gaspillage. Et en général les enfants comprennent.
Ma référent fait le choix de partager son "pouvoir" d'adulte avec l'enfant, ce qui lui permet d'être responsable de ses choix et de ses actes, et de prendre des décisions. Je n'ai jamais réellement vu cela en France, et je trouve cela génial. Je reviendrai plus tard dessus, car c'est quelque chose que j'aimerais mettre en place au quotidien, mais cela ne vient pas naturellement chez moi (sûrement parce que je ne suis pas habituée).
J'ai eu très peu d'occasions de mettre en place des activités, à cause d'imprévus qui sont arrivés ces deux dernières semaines. Mais j'ai pu observer quelques activités proposées par ma référente. L'impression que j'ai à la vue des activités, c'est que l'éducatrice est une animatrice avec les enfants de cette tranche d'âge. Elle donne les consignes, elle anime, et les enfants font tout le reste. Cela est dû naturellement à l'âge des enfants, mais pour moi c'est vraiment bizarre, car premièrement, je ne connaissais pas concrètement cette tranche d'âge avant d'arriver ici, et deuxièmement je n'ai aucune compétence en animation, je n'ai pas passé le BAFA et je ne me suis jamais intéressée à l'animation en tant que tel. Donc c'est un gros défi d'animer seule des temps avec un groupe de 10 enfants de 4-5 ans.
La première activité que j'ai proposé s'est déroulée dehors (les enfants avaient besoin de bouger) et c'était un jeu de quille. C'était simple et efficace, ils ont aimé, mais après réflexion et discussion avec ma référente, j'aurai dû changer la consigne à un moment pour rendre l'activité encore plus attrayante, comme par exemple, lancer la balle les yeux fermés ou lancer la balle en arrière. Je suis peut être un peu trop terre à terre quand je propose mes activités (le stress de "je ne veux pas louper l'activité" y joue beaucoup aussi, il faut que je me détende pour proposer du contenu encore plus attrayant, qui plaise aux enfants et qui me permette à moi aussi de m'amuser.
Ma référente a donc proposé plusieurs activités depuis le début de mon stage :
La tague glacée : c'est comme la chat glacé, sauf que pour libérer un autre enfant, il faut le réchauffer en frottant son ventre et son dos avec ses mains.
La tague sous marine : c'est la même chose sauf que pour libérer un autre enfant, il faut passer entre ses jambes.
Le cerceau musical : c'est comme la chaise musicale mais au lieu de s'asseoir sur une autre quand la musique s'arrête, on se met debout dans un cerceau.
Le miroir : un enfant fait des gestes et les autres enfants doivent faire pareil.
Une sorte de memory : l'éducatrice a choisi une dizaine d'objets et a demandé aux enfants de les mémoriser. Ensuite, en cachant tous les objets, elle en a enlevé un discrètement et leur a demandé lequel avait disparu. Certains enfants étaient super rapides ! Parfois ils ont même réussi à trouver avant moi !
Bricolage : Dessiner un monde polaire grâce à de la peinture blanche sur une feuille noire. Ensuite, chaque enfant pouvait ajouter des pompons (c'est comme ça qu'ils appellent la ouate, le coton) et/ou des paillettes. Inutile de vous dire qu'il y a eu beaucoup de tempête de neige (c'est les enfants qui l'ont dit) !
Le maquillage : Les enfants raffolent du maquillage !! En France je n'ai jamais vu une éducatrice maquiller un enfant, mais ici c'est quelque chose de très commun !
En dehors des activités, ce que j'aime beaucoup faire avec les enfants c'est leur lire des histoires et parler avec eux. J'aime tellement ça, c'est agréable et j'ai le sentiment qu'on passe un bon moment. J'aime aussi beaucoup faire rire les enfants, mais encore une fois, plutôt individuellement. J'adore rire avec eux, mais je ne sais pas pourquoi je suis comme bloquée lorsque je suis devant le groupe entier, mais bloquée seulement dans le sens où je ne vais pas faire de blague. En fait, c'est naturel quand je suis avec 1 ou 2 enfants, mais ça ne l'est pas du tout quand je suis avec tout le groupe. Il faut donc que je réfléchisse à ça et que je réussisse à utiliser l'humour avec tout le groupe !
En parlant de réflexion, hier j'ai eu la visite de ma superviseuse de stage, qui m'a donc observé pendant 1h afin de m'évaluer. J'étais vraiment stressée, mais ça en valait vraiment la peine. J'ai appris où étais mes forces et mes faiblesses, et je suis encore plus motivée pour les travailler et m'améliorer ! Comme je n'ai aucun problème avec mes pratiques, je veux bien vous en parler ici ahah ! Ma superviseuse m'a perçu comme une personne très calme "malgré la tempête" comme elle a dit (parce que oui, comme par hasard, le moment où elle m'a observé à été un moment très difficile à gérer contrairement à tous les autres moments où j'ai pris en charge les enfants), et elle pense que cela se répercute sur les enfants (Chouette nouvelle !). Elle trouve aussi que mes interventions auprès des enfants sont très adéquats et claires (ce n'est pas pour me vanter mais elle a même utilisé le mot "parfaites" pour certaines de mes interventions :p). Pour vous donner un exemple tout bête : Blanche a mis du savon dans sa main puis s'est retourné, à fait quelques pas et est allée voir ses copains qui rigolaient derrière elle. Je me suis donc approchée d'elle et lui ai dit : "Blanche, tu as du savon dans les mains. Qu'est-ce qu'on doit faire quand on a du savon dans les mains ?" Ma superviseuse m'a dit que cette intervention était bienveillante et dans le respect de l'enfant, car j'ai rappelé la consigne sans la dire clairement mais en faisant réfléchir l'enfant, et donc sans le réprimander. Toutefois, et ça je n'en suis pas du tout étonnée, certaines paroles que j'utilise pour intervenir auprès des enfants qui n'écoutent pas les consignes ne sont pas assez claires en ce qui concerne mes attentes. Pour vous donner un exemple, j'ai dis à un enfant qui se tapait sur le front en continu (oui parfois il se passe des choses bizarres) "Est-ce que tu peux écouter s'il te plait", alors que ce que je voulais c'était qu'il arrête de se taper sur le front... Là vraiment je me suis sentie bête x) Puis ce n'est pas arrivé qu'une fois que mes messages ne soient pas clairs, donc j'ai vraiment un gros travail à faire là dessus ! En plus je le sais, puisque souvent je me dis "Mais pourquoi j'ai dis ça ?", ou "j'aurai pas dû dire ça comme ça", mais ça s'arrête là. Maintenant je sais que je dois absolument être claire dans mes interventions parce que les enfants entendent la consigne mais pas ce qui se cache derrière. C'est sûr que si on demande à un enfant d'écouter alors qu'il se tape le front, il n'arrêtera pas de se taper le front puisque ce n'est pas ce qu'on lui a demandé. En bref, mes interventions sont bonnes voire très bonnes mais mes paroles ne sont parfois pas assez claires.
Il faut aussi que j'évite un maximum de faire attendre les enfants, car les moments d'attentes trop longs riment avec "situation négative en approche et déviation des consignes" (ça c'est mon mémo, que j'ai d'ailleurs bien compris et que je dois retenir absolument !). Et enfin, et c'est sûrement le meilleur conseil qu'elle m'a donné : il faut que je m'amuse !! Tout simplement car être dans la crainte (crainte que ça se passe mal, qu'une situation s'empire, crainte de mal faire, etc.) peut provoquer des situations négatives. Alors que s'amuser, c'est aussi amuser les enfants et ainsi éviter qu'une situation ne dérape.
J'ai vraiment beaucoup appris, et ça va me permettre d'encore plus profiter des moments auprès des enfants :D
C'est le plus long article que j'ai écris jusque là, mais j'ai vraiment beaucoup de choses à vous partager depuis 3 semaines... Et encore, je ne peux pas tout dire car ce serait interminable ! J'espère que ce n'est pas trop long à lire en tout cas (il reste très peu de lecture :p)
J'ai aussi effectué des journées différentes de ma petite routine quotidienne.
J'ai assisté à une fermeture, donc ce jour là j'ai travaillé de 7h15 à 17h45. J'ai beaucoup aimé ça car j'ai pu avoir un vrai contact avec les parents, qu'il est difficile d'avoir quand tu les vois le matin car ils sont souvent pressés pour aller au travail... J'étais vraiment contente de profiter un petit peu de l'aspect "relation avec les parents", et en plus, je remet ça vendredi ;)
J'ai également passé une journée dans l'autre pavillon du CPE, qui accueille les enfants de mères adolescentes qui vont à l'école qui se trouvent juste à l'étage du dessous. J'ai passé la journée avec les bébés à la pouponnière, et j'ai été agréablement surprise de voir que les mères sont investies dans leur rôle, et qu'elles sont heureuses de retrouver leur enfant. En effet, j'avais des a priori, je pensais que ce serait pour beaucoup des grossesses par "accident" et je ne m'attendais pas à voir des mères adolescentes si à l'écoute. Mis à part cela, j'ai vu des pratiques de professionnelles qui m'ont vraiment questionné, voire choqué. Mais à ce sujet, je vais écrire un article avec Nina, qui fait son stage auprès des bébés, pour qu'on vous parle de la prise en charge des bébés, car j'ai vu beaucoup de choses questionnantes durant ma journée d'observation à la pouponnière, et avec Nina on a fait beaucoup de lien entre ce qu'elle voit tous les jours et ce que j'ai vu durant cette journée.
La semaine dernière, j'ai aussi passé une journée sans ma référente, avec une autre éducatrice. Je me suis rendue compte que j'avais vraiment de la chance, que j'étais tombée sur une très bonne personne comme référente. J'ai passé ma journée à être ce que j'appelle une "stagiaire photocopieuse", à m'entendre dire "Tu peux aller déposer ça là-bas", "Tu peux aller chercher ça", etc. et à entendre l'éducatrice se plaindre toute la journée et la voir se recoiffer sans cesse... Au secours ! En plus, la routine habituelle des enfants est totalement bafouée et cette fois, il n'y avait vraiment aucun partage de pouvoir. L'éducatrice décidait tout, l'enfant ne prenait pas de décisions, il n'avait pas le choix, et même s'il y avait un semblant de bienveillance, je n'ai pas trouvé que le rythme de l'enfant était respecté. Bref, les 2 dernières journées que j'ai brièvement décrites m'ont fait me rendre compte de la chance que j'avais d'être dans ce groupe avec ma référente, avec qui je me sens à l'aise et qui me fait progresser.
Pour finir, je voulais ajouter qu'au Québec, l'éducatrice est vraiment "Multi-tâches" ! Elle est seule dans son local avec les enfants, et elle prend soin d'eux, elle anime et encadre le groupe. Elle est serveuse, militaire, maquilleuse, animatrice, donneuse de câlins, infirmière, femme de ménage, conseillère, conteuse, météorologue, veilleuse, clown, self controleuse, bricoleuse, et j'en passe ! Je suis vraiment très heureuse d'avoir choisi le Québec pour faire mon stage, je me sens enrichie et en constante évolution, et je prends confiance en moi et en mes actes de plus en plus chaque jour.
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